Découvert dans les années 80 par Pauline Rose Clance et Suzanne A. Imes, deux psychologues américaines, le syndrome de l’imposteur plonge la personne qui en souffre dans un doute de soi permanent. Il refuse tous les mérites, se saborde dans ce qu’il réalise ou au contraire ne ménage aucun effort pour éviter de se faire démasquer. Lisez ce qui suit pour savoir comment diagnostiquer le syndrome de l’imposteur et comment se défaire de son emprise.
Syndrome de l’imposteur : un état psychologique handicapant
Phénomène invisible, le syndrome de l’imposteur isole la personne qui en souffre et l’empêche de déployer son potentiel.
Syndrome de l’imposteur ou comment nier ses mérites
Encore appelé syndrome de l’autodidacte, la personne qui en souffre refuse de s’attribuer un mérite quelconque en cas de succès dans son travail ou dans sa vie personnelle. Pour elle, cette réussite est due à des éléments extérieurs tels que de la chance, des circonstances favorables ou des aides providentielles. Mais en aucun cas c’est grâce à ses talents.
D’ailleurs, une personne qui souffre du syndrome de l’imposteur est persuadée qu’elle n’en a aucun. C’est pour cela qu’elle déploie toute son énergie dans des stratagèmes sophistiqués pour éviter de se faire démasquer : la procrastination à cause de la peur de l’échec ou le perfectionnisme à l’extrême pour être sûr de réussir.
Cette peur omniprésente génère un état de stress permanent chez une personne souffrant du syndrome de l’imposteur qui peut les mener à la dépression.
Comment cela se manifeste au travail ?
Dans le monde du travail, le syndrome de l’imposteur ne laisse aucun moment de répit à celui ou celle qui en souffre. La personne est sur le qui-vive en permanence.
- Elle a réussi une mission confiée par sa hiérarchie. C’est juste une question de chance.
- Elle se voit proposer un excellent poste ? C’est parce que personne ne l’a accepté.
Fuir le succès
Au lieu de se sentir fière et satisfaite, ses succès la rendent mal à l’aise. « Pourvu que personne n’aille se rendre compte que je n’y étais pour rien », pense-t-elle. Pour confirmer le peu d’estime qu’elles ont pour elles-mêmes, certaines personnes vont jusqu’à rendre volontairement un dossier de qualité médiocre. D’autres s’engagent dans des tâches titanesques de peur de ne pas réussir.
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Se replier sur soi-même
Les personnes souffrant du symptôme de l’imposteur se rendent au travail avec le ventre noué. Elles sont minées par des insomnies et la peur d’être démasqué et humilié les terrorise. Parler en public est un calvaire. Elles se replient sur elles-mêmes pour se rapprocher d’un état d’invisibilité salutaire selon elles. Ces personnes risquent à tout moment le burn out.
L’impact sur la vie personnelle
Une fois chez lui, « l’imposteur » continue son combat. Il ne se permet jamais d’être lui-même. Persuadé d’être apprécié à tort, il vit dans l’angoisse de perdre un jour cette marque de reconnaissance tant espérée, mais aussi tant redoutée.
Et c’est ce qui finit par arriver. Cette image faussée de lui-même et le manque d’authenticité provoquent une gêne chez ses interlocuteurs. Comment tisser des liens avec un personnage qui n’existe pas ?
Une autre conséquence du syndrome de l’imposteur réside dans la jalousie que peut éprouver la personne qui en subit son influence. Peu sûre d’elle, voir son partenaire en société la pétrit d’angoisse : il va forcément trouver une autre personne plus intéressante avec qui construire sa vie. Ces sentiments négatifs provoquent dans la durée un rejet de la part de l’autre.
Qui peut souffrir du syndrome de l’imposteur ?
Selon certains travaux, entre 60 et 70 % de la population aurait, à un moment de la vie, ressenti les effets du syndrome de l’imposteur. Femmes, hommes, jeunes, couverts de diplômes ou autodidactes, le syndrome de l’imposteur n’épargne aucune catégorie de personnes. En revanche, il se déclenche dans des circonstances précises dans la plupart des cas :
- jeunes diplômés entrant dans la vie active ;
- personnes ayant réussi une série de réussites fulgurantes ;
- femmes évoluant dans un métier majoritairement masculin ;
- personnes avec peu de diplômes occupant un poste à haute responsabilité aux côtés de collègues ayant fait de grandes études ;
- femmes ou hommes pensant être mieux perçus que ce qu’ils sont en réalité par leur conjoint ;
- artistes vivant un succès arrivé trop rapidement.
Diagnostic du syndrome de l’imposteur : l’échelle de Clance
Le syndrome de l’imposteur est un phénomène insidieux. Cependant, certains comportements indiquent que le risque est réel. En voici quelques pistes :
- Vous avez du mal à vous attribuer les mérites d’une réussite professionnelle ou personnelle.
- Les compliments vous mettent mal à l’aise.
- Convaincu de votre incompétence, vous avez peur en permanence d’être démasqué.
- Vous vous mettez une pression folle que ce soit pour rédiger un mail, boucler un dossier important ou préparer une pizza maison.
- Vous vous sous-estimez sans cesse et pensez que tout le monde peut faire votre travail.
- De peur que les autres remarquent votre incapacité, vous mettez à plus tard les actions d’envergure.
- Vous vous limitez dans la réalisation de vos tâches pour confirmer les doutes que vous avez sur vous-même.
Si vous avez encore un doute sur le diagnostic, essayez le test de Clance. Il s’agit d’une série de questions auxquelles il faut indiquer, sur une échelle de 1 à 5, la réponse qui vous convient. Exemple : « Je peux donner l’impression d’être plus compétent(e) que je ne le suis vraiment » ou « J’ai peur que les gens qui comptent pour moi découvrent que je ne suis pas aussi capable qu’ils le pensent ».
Syndrome de l’imposteur : comment s’en sortir ?
Commencez par de petits pas. Évitez toute injonction envers vous-même en bannissant les « je dois » ou « je ne suis pas assez ». Acceptez les compliments même si cela vous est difficile au début. Notez-les sur un carnet et relisez-les régulièrement.
Acceptez vos imperfections et vos erreurs. Misez sur vos singularités.
Dans certains cas, une aide psychologique de la part d’un professionnel s’avère être nécessaire. Elle permet de retrouver une estime de soi et d’accepter ses propres forces et talents. C’est une manière de restaurer la confiance en vous-même et chasser la peur du regard des autres. Vous pouvez alors tomber votre masque et montrer votre authenticité et votre potentiel au grand jour.
Le syndrome de l’imposteur gâche la vie de personnes talentueuses. Réagissez pour vous épanouir au travail comme en privé.
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